UNE SOCIETE DE RELIANCE SOCIALE POUR LE CONGO

Publié le par georges ntsiba

UNE SOCIETE DE RELIANCE SOCIALE POUR LE CONGO

 


 

 

 

104 2008La crise que traverse notre pays est tout autant une crise existentielle (crise de la culture, perte des repères, liquéfaction des assises morales, faillites des élites), une crise de confiance, une crise du lien social autant qu’une crise de la réciprocité et de la solidarité.

Cette crise là, elle est profonde, sournoise et redoutable. Elle nous est intime car elle se dissimule dans les interstices et dans les entre-temps de la vie quotidienne, et touche toutes les sphères de la société, notamment à travers ses pôles organisateurs (éducation, santé, économie) et ses instances régulatrices (droit, justice, gouvernance, dirigeance).

La pauvreté rode, persiste et en est le corollaire, signe de l’échec patent de l’état. 50 ans de crise. La gouvernabilité de l’état repose sur des perspectives si étroites, sur une vision si liminaire que, si cela continue ainsi, nous serons à jamais esclave de la françafrique, puis de la chinafrique, puis de n’importe quelle rapace en quête d’influence et de domination, jusqu’à ruiner nos intelligences, nos ressources. Comme ça nous célébrerons le centenaire de l’indépendance à envoyer nos militaires battre le pavé place Tien An Men à Pékin ou applaudir une promesse de municipalisation accélérée ou encore, qui sait, une promesse de dégel des salaires… 

Il est temps de promouvoir une société plus ouverte à l’ensemble du peuple congolais, sur toute l’étendu du territoire congolais en sortant d’une pensée uniquement tournée vers la seule chasse aux privilèges. Cette société de reliance est inspirée par le souci des autres contre le seul souci de soi, « c’est une société des égaux contre la folie des égos »

Cette société de reliance sociale est attentive à tous ceux qui sont en situation de vulnérabilité:

elle peut concerner la petite enfance ou l’adolescence en déshérence, il s’agira alors de concevoir une politique réaliste de sauvegarde et de protection de l’enfance et de son environnement familial ;

il peut s’agir de l’échec scolaire avec tout son cortège de causalité médico psycho pédagogique et ses déterminismes socio économiques, il faut alors créer des structures de remédiation au sein d’une politique éducative qui cultive l’excellence et optimise la diversité des atouts et des talents ;

elle peut concerner des personnes sans emploi et sans formation définie, il s’agira alors de promouvoir une politique de formation professionnelle tout au long de la vie et instituer une chambre des arts et métiers ;

elle peut concerner les personnes touchées par la maladie, par le handicap ou par le grand âge, il s’agit alors d’initier un mouvement solidaire en créant une protection sociale. Dans une société marchande qui prône le bonheur de chacun, il s'agit d'introduire des logiques plus collectives. C'est à la fois une approche morale et une pratique sociale.

 

La  société de reliance sociale ne se limite pas au caritatif, qui laisserait le sort des plus démunis dépendre de la générosité des plus aisés. Elle ne concerne pas uniquement les exclus, mais aussi tous ceux qui, à un moment ou à un autre, sont en situation de vulnérabilité - c'est-à-dire le plus grand nombre. Elle n'est pas là pour se substituer aux politiques publiques, mais au contraire pour les compléter. Il ne s'agit pas de faire contre l'Etat ou à sa place, mais avec. Mais pour faire avec, il faut des institutions fortes et donc un état de droit. Un état de droit digne de ce nom émerge d’une technostructure qui définit les conditions de traçabilité et de transparence de telle sorte que les institutions et les institués sont guidés par un référentiel commun, nul ne pourrait alors modifier la constitution à sa guise. La gouvernance sert alors à créer les hégémonies simplificatrices et facilitatrices pour fluidifier la vie de la population à l’aide d’un support logistique fiable (l’administration, la finance).

Georges NTSIBA


Si le paradigme de déliance (rupture des liens) structure la modernité, la post-modernité, en revanche, devrait être caractérisée par la revitalisation du paradigme de reliance (reconstructions des liens détruits).

Cette thèse, nous l’exposons, l’argumentons, la plaidons en définissant la « reliance » comme l’« étonnante pulsion qui pousse à se rechercher, à s’assembler, à se rendre à l’autre ». Les manifestations de cette logique de reliance à l’œuvre dans la société post-moderne sont multiples, variées et signifiantes : le retour à nos valeurs de kimuntu, l’idéal communautaire, l’essor de l’écologie, la vitalité de la socialité, l’idée obsédante de l’être ensemble, les identifications supplantant les identités, le présentéisme, le carpe diem, l’éthique du sujet, le lococentré s’élevant face à l’égocentré, la prégnance des images, le rôle du look et de la mode, l’exacerbation de la mystique et de la religion.

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